peintre, plasticien, journaliste et comédien né à sion (vs), le 21 avril 1962. concepteur et animateur de créactivité ® (créativité relationnelle), ateliers de groupe pour entreprises et particuliers.
À propos de mon travail...
Évoquer l’invisible, le subtil plutôt que donner – pour ne pas dire imposer – une image toute faite, prête à être «consommée».
Je préfère suggérer… un univers, une atmosphère, une vibration, voire une énergie.
En ce sens, je privilégie le prêt-à-rêver au prêt-à-comprendre.
Court-circuiter le mental, le rationnel, le cognitif; chez moi comme chez le spectateur, le «visiteur» (j’aime bien cette idée que l’autre «visite» une peinture ou une sculpture, la découvre, comme le ferait un voyageur d’une contrée inconnue).
Parasiter l’analyse au profit de l’émotion, de la sensation. Faire appel, sans détours, à l’intelligence… du cœur.
Toucher l’âme plutôt que le cerveau.
Cela permet ainsi au «visiteur», au lieu d’être passif, flatté par ce qui lui est familier et le rassure, de convoquer son imaginaire et plonger dans son propre monde intérieur, de l’explorer – en fonction de son histoire personnelle, de ses expériences, croyances et, surtout, de son ouverture au mystère, car je suis persuadé qu’il faut être prêt à se laisser surprendre pour vivre un saisissement esthétique, pour accueillir la beauté, étant entendu que le beau n’est pas forcément toujours l’agréable.
Dès lors, si ce que ce spectateur-visiteur-aventurier ressent crée un émoi en lui, le trouble d’une manière ou d’une autre, c’est que la magie opère, que la rencontre – pour ne pas dire le miracle – a lieu.
Le temps s’arrête. Le silence prend place. On est appelé au-delà de la forme, de l’apparence, touchant au ciel, à l’essentiel.
Plus loin que le simple regard, on voit, on perçoit, je crois.
Mes peintures comme mes sculptures sont autant d'invitations à dépasser nos limitations pour mieux accueillir l'inconnu, l’occulte et l’inattendu escortés de leur cortège d’émerveillements.
Je travaille ainsi, sans aucune perspective ni autre intention de séduction. Quand ce que je propose trouve un écho chez l’autre, eh bien! c’est alors que tout commence.
Jef Gianadda
visite d'atelier
« dans son atelier, un tableau sur le chevalet. le visiteur a l’impression que jef gianadda vient à l’instant d’y mettre la dernière touche : de grands champs bleus et rouges se découpent sur la toile blanche.
nouvelle peinture – nouveau style ? « non », répond jef étonné. pour lui, il s’agit juste des prémices d’un travail de loin pas encore prêt à accueillir le regard du public. et il en est ainsi de toutes ses toiles, à leur naissance. même apparence. grande peinture gestuelle. c’est ensuite qu’intervient son obsession, celle de couvrir et de recouvrir la surface d’innombrables couches successives. et la couleur-matière de se superposer à la couleur-matière. (…)
jef gianadda ne revendique ni une peinture gestuelle ni une peinture abstraite. il peint pour la peinture. uniquement. peinture sensible, exacte, jamais due au hasard. ses textures rappellent antoni tàpies, bien que la signification soit autre. les tableaux de jef gianadda suggèrent des vieux murs, des parois usées, une vie et un temps passés.
il émane une légère mélancolie de cette peinture. mélancolie qui trouve peut-être sa source dans les teintes sombres qui dominent la palette. nombre de pièces évoquent ainsi les cendres, que l’artiste utilise d’ailleurs en combinaison avec la masse colorée. (…)
chaque toile donne l’impression de receler un secret, puisque sous leur « épiderme » vibrent une multitude de strates colorées qui, tour à tour, l’espace d’un instant infini, ont été un tableau avant de disparaître sous de nouvelles visites du pinceau. (…)
pensif, mélancolique, avide de perfection pour ses tableaux, jef gianadda peintre révèle aussi un autre visage : celui qui vit dans ses objets. (…)
depuis des années, il collectionne des os (!), des petites choses hétéroclites et multicolores dénichées aux puces ou chez des antiquaires. de ses voyages en amérique du sud ou en asie il a rapporté mille souvenirs qui encombrent son atelier. tout ce qui peut être utile à la création de ses « sculptures » s’y trouve.
véritables colonnes vertébrales de tous ses objets, les tiges métalliques sont courbées dans de précises ondulations corporelles, avec un indéniable sens de la mise en scène. oui – jef gianadda met en scène. on retrouve le comédien et sa fibre théâtrale. (…)
erika billeter
ancienne directrice du musée cantonal vaudois des beaux-arts, 2001
de l'objet à la toile
« jef gianadda s’est fait connaître comme artiste de l’objet. jusqu’ici, son nom était associé à des pièces étranges et parfois surréalistes, des assemblages aux motifs empruntés au monde de la subculture (…) aujourd’hui, gianadda aborde pour la première fois la peinture, mais la source de son inspiration est très différente. il se consacre désormais au problème important de l’énergie lumineuse des couleurs. son travail se base sur des supports noirs dans lesquels il fait pénétrer ses couleurs de telle manière qu’elles se mettent à scintiller. il structure sa peinture en frottant ou en collant du sable et des pierres minuscules dans la masse colorée. il a également réalisé toute une série de pièces avec des épices, qui donnent un caractère très particulier au support. leurs teintes foncées et luisantes suggèrent l’atmosphère sacrée des icônes. avec leurs particules de matériaux, ces tableaux évoquent un regard plongé dans l’univers. lorsqu’on fait appel à l’imagination et à l’émotion, on voit le sable se transformer en étoile, le safran et le cumin devenir la constellation d’andromède.
erika billeter
ancienne directrice du musée cantonal vaudois des beaux-arts, 2000