martin thönen, est né le 5 juin 1942 à thoune. il vit et travaille comme graveur sur bois (xylogravure) dans ses ateliers à berne et à huémoz, suisse.
il a fait sa formation comme typographe et graphiste à moutier, montreux et genève. divers séjours d'étude à l'étranger (maroc, égypte, perou, amerique du nord, l'indonésie, asie et inde)
martin thönen, homme de congères, est charpenté dans son squelette comme une bille de sapin rouge plantée dans la neige.
il est chevillé aux deux mains, à la courbure des poignets, pour mieux articuler le mécanisme de sa main de graveur.
il nous livre un carré de montagne, découpé, taillé, comme une fenêtre ouverte pour nous, dans la discrétion de son atelier. modestie, simplicité, prière.
l'itinéraire de sa vie de créateur, gravé, creusé, incrusté, incisé dans un lit de papier, comme le torrent qui creuse la falaise, en cherchant une issue dans son lit de galets. toute la mouvance préméditée du torrent, des gouffres, des écumes obéissent au relief, qui affrontent directement la pente raide de la feuille de papier; la pente de la montagne qui accélère le mouvement du torrent qui précipite le geste du graveur, dans un mouvement de non-retour définitif, impulsif et fragile.
un léger flou bouleverse l'image, le graveur se l'approprie quand il creuse la ligne avec la lame acérée de son couteau qui incise la planche de bois. le torrent fuit sur la pente de rocher comme un rouleau de papier, déroulé entre les arbres.
le vent, le bruit des vagues, le roulis, l'étrange appel de l'eau dans sa vision de masse, qui nous ramène tout droit aux origines de sa propre naissance.
le regard se déplace et voyage: ici, une autre plage d'eau apprivoisée par lui, à l'endroit précis où les grands arbres de la forêt pénètrent la surface du lac ou de l'étang, par des cimes acérées du sommet de leur tronc; l'image renversée, inversée, l'image reproduite par l'eau, pour signifier son reflet.
ses visions de la terre, ses visions d'air, ses visions d'eau.
le feu, il l'a gardé pour mieux fondre l'alliage de plomb, d'antimoine et d'étain, quand il imagine ses caractères, en retrouvant le rituel de son ancien métier: imprimeur. la taille au couteau ne changera pas. tailleur de mots, tailleur de livres, tailleur d'images à la dimension du monde, comme les tailleurs de pierre dans les cathédrales romanes.
tous les métiers du livre rassemblés dans ses dernières estampes:
tout "état de la nature, dans tous ses états, comme un coup de poing, jeté ou comme un bouquet de fleurs, offert!
jacques cesa